Témoignage D'ÉVA
Nicole et Nathalie, une présence qui fait la différence
À travers ces lignes, Eva, étudiante arrivée de Russie, nous a partagé son parcours et sa rencontre avec Nicole, puis Nathalie, grâce à l’association 

“En février 2022, lorsque je suis arrivée de Russie en France, toutes mes cartes bancaires ont rapidement été bloquées. Je me suis alors retrouvée coincée, sans argent et sans travail, d’autant plus qu’à cette époque je ne parlais pas encore français. Petit à petit, j’ai découvert l’existence de différentes aides alimentaires et psychologiques, et lors d’une distribution, on m’a remis un flyer de l’association 1CabasPour1Etudiant. J’ai déposé une demande et été mise en relation avec ma marraine, Nicole.
Nicole venait jusque chez moi, le week-end, avec plusieurs sacs de courses.
Des liens précieux
Il arrivait souvent que je monte dans sa voiture et que nous passions près d’une heure à discuter de ma vie et de mes difficultés. Elle m’a aidée à comprendre comment chercher et obtenir un emploi, à rédiger et diffuser des annonces sur Facebook, et m’a appris à échanger avec des employeurs. Mais au-delà de l’aide matérielle, elle m’a aussi ouvert les yeux sur de nombreux sujets dont je n’avais jamais parlé dans mon pays, car ils étaient tabous : la santé des femmes, la vie affective et intime… C’est grâce à elle que j’ai appris et compris tant de choses que je n’avais jamais osé aborder avec ma mère ou ma grand-mère en Russie.
Au fil du temps, j’ai continué à tisser des liens précieux avec Nicole. À Noël, elle m’a invitée à le fêter avec sa famille et m’a offert une écharpe. En avril, elle a accueilli mes amis et moi autour d’un dîner de plats traditionnels français. La dernière fois, avant mon départ pour Lille, nous sommes allées au restaurant. Elle m’a offert un bracelet pour que je garde toujours un souvenir d’elle. Ce geste m’a profondément émue : j’en avais désiré un semblable de la part de mon compagnon, mais ne l’avais jamais reçu. Quand Nicole me l’a offert, j’ai pleuré. J’ai partagé ce moment en vidéo sur les réseaux sociaux, en racontant l’initiative de l’association et la manière dont des adultes soutiennent des étudiants. Cette vidéo a touché beaucoup de personnes.
M’ouvrir sur le monde pour surmonter mes appréhensions
Un jour, Nicole m’a présenté sa petite-fille Justine. Quand elle est revenue du Canada, nous sommes allées ensemble au café, elle m’a invitée et nous avons parlé de la vie dans différents pays. C’était la première fois que je rencontrais une Française de mon âge avec qui je pouvais discuter librement ; jusque-là, la plupart de mes amis étaient des étudiants étrangers, car il est souvent difficile de se lier avec des Français. À la fin de l’été, Justine a organisé pour nous une dégustation de fromages. Elle en avait acheté plusieurs variétés et me parlait de leurs origines, des régions où ils étaient produits, et de la passion que les Français leur portent. Nous étions assises au bord de la Saône, à Lyon, et je découvrais ce monde fascinant. Dans mon pays, le choix de fromages était limité et j’osais rarement goûter ceux de France à cause de leur forte odeur qui me déconcertait. Grâce à Justine, j’ai surmonté mes appréhensions et appris à les apprécier.

Nicole m’a énormément aidée à m’intégrer dans la société française : elle m’a expliqué le fonctionnement du pays, m’a soutenue dans mes recherches d’emploi, m’a encouragée à avancer, et m’a toujours demandé de mes nouvelles. Je lui parlais de ma vie quotidienne, de mes relations, de mes doutes. Ce dont j’avais le plus besoin, au fond, ce n’étaient pas seulement les courses alimentaires, bien que ce fût une aide précieuse dont je lui serai toujours reconnaissante, mais une présence adulte, bienveillante, capable de m’éclairer et de me guider dans ce nouveau monde. À vingt ans, vivre loin de sa famille et sans soutien financier est une épreuve difficile. Nicole a su être pour moi cette figure rassurante, presque comme une grand-mère, comme elle l’est pour ses 4 petits-enfants.
Même après mon déménagement à Lille, nous avons continué à nous revoir lors de mes passages à Lyon. Nous allions au café, et retrouvions toujours cette complicité. Et encore aujourd’hui, nous restons en contact : nous nous écrivons, nous nous appelons parfois, et nous n’oublions jamais de nous souhaiter nos anniversaires.

Changement de ville, nouvelle marraine
À l’automne 2024, lorsque je suis arrivée à Lille, je ne connaissais absolument personne. Nathalie, ma seconde marraine, a été l’une des toutes premières personnes avec qui j’ai noué un lien. Dès le début, elle m’a tendu la main, m’a soutenue et m’a aidée à trouver mes repères dans cette nouvelle ville.
Très vite, elle a commencé à m’accompagner pour faire des courses. Nous allions ensemble au supermarché, et elle insistait toujours pour que je choisisse ce dont j’avais envie. Pourtant, je n’osais jamais abuser : je prenais seulement ce qui m’était nécessaire. Au fil de l’année, nous avons fait ces sorties ensemble 4 ou 5 fois.
Notre toute première rencontre a eu lieu dans un café, où nous avons longuement discuté et appris à nous connaître. Ensuite, nous avons fait un détour par une petite épicerie russe située non loin de là : un moment qui m’a particulièrement touchée, car il m’a rappelé des saveurs et des souvenirs de mon pays d’origine.
Avec Nathalie, j’ai découvert une autre facette du parrainage. Elle m’a invitée à déjeuner avec sa meilleure amie, puis à partager un repas en famille afin que je rencontre sa maman et ses proches. Ces moments m’ont énormément marquée : ils m’ont permis de sentir que j’avais, en France, un adulte bienveillant sur qui je pouvais compter.
Nathalie a aussi été présente dans les instants les plus difficiles. Lorsque je me suis blessée au pied et que je ne pouvais plus marcher, elle m’a proposé de m’apporter des courses. Quand j’ai été malade après une intoxication alimentaire, elle m’a même offert d’aller à la pharmacie chercher les médicaments dont j’avais besoin. À chaque fois, elle me montrait qu’elle était prête à m’épauler, à veiller sur moi, et cette attention m’a profondément touchée.
C’est grâce à Nathalie que je n’ai jamais eu le sentiment d’être totalement seule à Lille. Elle m’a accompagnée, soutenue, et m’a donné la force d’avancer dans les moments où j’en avais le plus besoin. Pour tout cela, je lui suis infiniment reconnaissante.
L’association 1CabasPour1Etudiant est, à mes yeux, une organisation formidable.
Grâce à mes deux marraines, Nicole et Nathalie, je n’ai pas seulement reçu du soutien matériel : j’ai trouvé une présence, une écoute, un appui psychologique et moral qui m’ont permis de me sentir véritablement chez moi, et non plus une étrangère isolée, loin de sa famille.
Ces deux rencontres m’ont aidée à grandir, à m’adapter, et à construire ma vie ici. Pour cela, je suis infiniment reconnaissante envers l’association. Aujourd’hui, je n’hésite pas à recommander à mes amis et à mes connaissances de la rejoindre s’ils en ont besoin.”